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24.07.21
Tokyo 2020: Frédéric Bianchi chef des juges

La marche suisse sera à l'honneur aux Jeux olympiques (JO) de Tokyo! Le Valaisan Frédéric Bianchi sera Chef juge. Il n'y aura pas d'athlète helvétique dans cette discipline, le seul marcheur de niveau international, le vétéran hispano-suisse Alex Florez, n'ayant pas atteint les minimas fixés par Swiss Olympic et Swiss Athletics.

A Tokyo, les épreuves d'athlétisme débuteront, avec une année de retard, le 30 juillet 2021. Trois marches sont au programme: les 20km des hommes le jeudi 5 août à 16h30, heure du Japon, sur une boucle en aller-retour d'un kilomètre. Puis les 50km messieurs le 6 août à 5h30 du matin, sur une boucle de 2km, puis le 20km des femmes le même jour à 16h30.

Avec des conditions météo pouvant être caniculaires à Tokyo, les épreuves olympiques de marathon et de marche ont été déplacées (en 2019) à Sapporo, capitale de l'île montagneuse Hokkaido, au nord du Japon, à une altitude de... 29 mètres et à 820km de Tokyo.

La marche athlétique étant règlementée dans son exécution, des juges seront actifs sur le parcours routier. A leur tête, le Suisse Frédéric Bianchi qui avait déjà été désigné au dernier moment comme Chef des juges lors des JO de Pékin en 2008. D'autres événements internationaux du plus haut niveau se sont enchaînés au fil des années pour l'ancien marcheur. C'est pour World Athletics (anc. IAAF), la fédération internationale, qu'il officiera. Il doit aussi collaborer avec le CIO et le Comité d'organisation de Tokyo 2020. Il ne jugera pas les athlètes, mais sera chargé de les disqualifier et de coacher les arbitres. Malgré ses riches expériences, Frédéric Bianchi, qui est l'un des juges de marche avec le plus d’expériences au monde, les craintes sont palpables avec des conditions inédites.

Avant son envol le 1er août pour le Japon, le vice-président de Swiss Walking et caissier du Club de marche de Monthey s'est prêté à l'exercice de l'interview.

Frédéric Bianchi (ici en 2020) sera le chef des juges aux JO de Tokyo (c) Jérôme Genet

Frédéric Bianchi (ici en 2020 à Chailly) dirigera les juges aux JO de Tokyo (c) Jérôme Genet

Impatient de partir ?

Oui, mais inquiet. D'habitude l'athlétisme est la grande fête des JO. Mais tout est gâché par des mesures imposées, très strictes. Après l'Euro de foot avec des stades pleins, les téléspectateurs vont avoir un choc en voyant ces compétitions sans spectateurs, sans ambiance.

Covid oblige, la préparation est spéciale ?

Je dois noter ma température tous les matins, avoir deux applications mobiles, faire des tests dans un laboratoire reconnu, et dès la sortie de l'avion à Tokyo je dois passer un nouveau test PCR. S'il est négatif, je pourrai enchaîner avec un vol pour Sapporo où je serai escorté jusqu'à l'hôtel sans avoir le droit d'y sortir. Je devrai manger dans ma chambre et même si le parcours est à 300 mètres je ne pourrai pas y aller. Je serai encore testé sur place.

Une arrivée au dernier moment, c'est un sprint ?

J'arrive sur place le 2 août tard le soir, le lendemain je vais devoir récupérer du long voyage et rencontrer les gens. Les juges arriveront le 4 pour s'équiper en uniforme et assister aux réunions. Nous n'aurons qu'une après-midi pour réagir et effectuer des modifications avant les 20km du 5 août. Le 6 nous aurons deux épreuves et je dois reprendre l'avion le soir même. Je ne sais pas si je vais arriver à faire le débriefing et mon rapport avec les juges avant de partir.

Le chef des juges porte la responsabilité du bon déroulement des épreuves les Jours J. L'anticipation fut indispensable ?

Oui avec des visioconférences et un maximum de mails à l'avance. Ces derniers jours sont bien remplis. Le document avec les mesures sanitaires fait 90 pages et chaque semaine nous apprenons quelque chose de nouveau, soit de World Athletics, du CIO ou du CO. 

Envie de partir quand même ?

Je suis content et honoré, mais c'est spécial et l'événement est gâché sans public. Les autorités ont demandé à la population de ne pas venir voir les épreuves de marche et de marathon. Pour moi, avec des mesures, y'avait peu de risque de propagation du virus même si peu de Japonais sont vaccinés. Une juge vivra ses premiers jeux et c'est dommage de cette manière. Surtout que j'ai eu l'opportunité de juger quasi toutes les épreuves internationales en Europe et au-delà depuis l'automne passé, et j'ai vu qu'il est possible de voyager et d'organiser des compétitions dans des conditions acceptables. Là les mesures sont trop strictes. Ce ne sera pas les Jeux olympiques, mais une compétition internationale. Avec des juges, nous avions prévu de voyager plus tôt et de rester à Tokyo, de voir le village olympique, mais nous avons tout dû annuler. 

L'objectif ?

Que tout se passe bien, d'éviter une disqualification après la ligne d'arrivée qui peut faire scandale, surtout avec une préparation limitée. Mais je suis confiant, les Japonais sont habitués à organiser des épreuves de marche athlétique. J'aurai avec moi 8 juges internationaux, 2 assistants et 1 secrétaire. Je me sens prêt, surtout après la récente "Coupe d'Europe" à Podebrady comme Chef juge qui était une bonne répétition. Pour rappel il y'a aura une zone de pénalités en cas de marche irrégulière, 2 minutes sur 20km et 5 minutes sur 50km après trois cartons rouges de juges différents, avant une disqualification à la 4e demande. Aux jeux, je peux disqualifier tout seul un athlète dans les 100 derniers mètres.

Sportivement, ces JO seront spéciaux, pour le dernier 50km de l'histoire ?

Les athlètes vont découvrir le parcours. Pour ceux qui visent les médailles, le Covid n'a pas trop perturbé la préparation. Mon pronostic, chez les femmes, est une domination chinoise, après le record du monde ce printemps. Sur le 20km des messieurs, les Japonais pourraient faire fort chez eux. Sur le 50km, cela dépendra de la forme du jour et des défaillances. Ces dernières années, nous avons vu les Japonais monter en puissance. Je vais vivre la fin de carrière de Yohann Diniz entre autres et surtout ça sera le dernier 50km olympique. A Paris, il sera remplacé par une épreuve mixte dont le format est à définir.

A bientôt 50 ans, le dernier évènement de cette ampleur ?

Les prochains examens seront en 2023 et si je reste parmi les meilleurs je pourrai continuer de juger au plus haut niveau mondial. La limite d'âge est à 65 ans. Finir ma carrière aux JO de Brisbane en 2032 serait fantastique! Malgré la répétition (NDLR: 5e période au plus haut panel), cela me plait énormément. Cette année j'ai fait des rencontres en Inde et en Afrique du Sud, ils ont des projets de développement de la marche. C'est motivant!

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Posté par Jérôme Genet

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